es représentants de dix provinces d'Afghanistan réunis en Jirga (assemblée) à Kaboul ont appelé jeudi le gouvernement et les troupes étrangères à éviter de faire des victimes civiles dans leur guerre contre les talibans afin que la population ne se retourne pas contre eux.
"Le gouvernement et les troupes étrangères doivent être très prudents dans leurs opérations pour éviter les victimes civiles car cela pourrait constituer une excuse pour s'opposer au gouvernement et aux forces internationales", est-il écrit dans l'un des 19 points d'une résolution adoptée par ces délégués à l'issue de deux jours de discussions dans le cadre d'une Troisième Jirga sur la paix la stabilité et la réconciliation.
Les troupes étrangères sont régulièrement accusées de "dommages collatéraux" et leur présence suscite un vif ressentiment dans la population au point que le président Hamid Karzaï lui-même a récemment pressé officiellement l'Otan et la coalition internationale, en majorité américaine, de faire attention.
Cette assemblée consultative a également demandé au gouvernement de tenir ses promesses et de nommer ses gouverneurs sur le mérite et non sur des bases politiques ou de népotisme, appelant à la transparence et à la lutte contre la corruption.
Les participants, parmi lesquels d'anciens talibans ou sympathisants des insurgés, ont annoncé la création d'une commission pour améliorer les relations entre les différentes tribus.
Ils ont aussi insisté sur la nécessité pour les parlementaires de "rencontrer les dirigeants tribaux afin de créer des approches unifiées" sur les problèmes locaux.
Ces quelque 230 délégués issus de tribus, des conseils municipaux locaux et d'élus de ces régions de l'est et du nord-est ont aussi insisté sur une meilleure éducation pour les filles.
Ils réclament en outre la construction d'écoles et de dortoirs, en particulier dans les zones frontalières avec le Pakistan, de nombreux élèves afghans étant obligés de se rendre dans ce pays pour pouvoir recevoir une éducation.
Il s'agissait de la troisième Jirga organisée par le Bureau des liaisons tribales, une ONG qui oeuvre depuis 2003 à l'intégration des différentes communautés de ce pays montagneux multi-ethnique d'environ 30 millions d'habitants secoué par des décennies de guerre.
Une prochaine Jirga de paix, de stabilité et de réconciliation, dont la date n'a pas été annoncée, devrait réunir les personnalités des quatre provinces très instables d'Uruzgan (centre-sud), d'Helmand, de Kandahar et de Zabul, dans le sud.