Dans un pays déchiré qui s’apprête à entrer en guerre, Amir et Hassan, deux enfants amis depuis toujours, vont bientôt être séparés...
1979. Cet après-midi là, à Kaboul, la ville entière est à la fête car ses habitants vivent au rythme du traditionnel concours de cerfs-volants. Malgré la victoire d’Amir et Hassan, un évènement vient troubler l’amitié des deux garçons... Lorsque les Soviétiques envahissent l’Afghanistan, Amir et son père quittent le pays pour les Etats-Unis...
Marc Forster est un curieux spécimen. Entre Neverland, A l'ombre de la haine ou L'incroyable destin d'Harold Crick, ses films se ressemblent peu mais partagent cet étonnant goût pour le cinéma classieux et un véritable amour pour l’art de l’image. A la fois ambitieux dans ses choix de mise en scène et toujours enclin à construire de vrais et beaux personnages, le cinéaste est un faiseur qui a toujours su débarquer là où on ne l’attendait pas. Alors qu’il est actuellement en préparation du prochain James Bond, le voilà qui réalise une oeuvre entre l’Afghanistan et la Californie, et dans la langue locale qui plus est ! Première surprise donc, les personnages ne parlent pas la langue de Shakespeare. On se souvient encore du désastreux Mémoires d'une Geisha. Immédiatement, le pari prend alors une autre dimension et semble aller à l’encontre, dès les premières minutes, des carcans hollywoodiens. Le cinéaste, comme à son habitude, allie intelligemment ses personnages et son intrigue à la forme et nous permet de plonger instantanément dans cette sublime reconstitution de Kaboul de la fin des années 1970. Cosmopolite, vivante, nerveuse, traversée par une nuée d’enfants, la capitale resplendit et semble bien loin des clichés de ruines auxquels l’actualité nous habitue...
La volonté première du film est donc de nous faire découvrir un autre visage de l’Afghanistan et de ses habitants, ce qu’il fait avec passion et générosité. Sans s’engouffrer dans l’imagerie carte postale, la restitution physique et sentimentale de la cité est à la fois minutieuse, lisse, abimée, terne et pleine de soleil... Bref tout est montré en très peu de temps. A l’image de la sublime séquence du concours de cerfs-volants, d’une puissance visuelle n’ayant rien à envier aux derniers blockbusters américains, Marc Forster met tout en oeuvre pour offrir une vue d’ensemble de Kaboul. Une prodigieuse plongée de caméra en l’occurence... L’installation de son film est pleine de charme et mystérieuse, le rapport qui lie d’amitié les deux jeunes protagonistes étant révélé au bout d’un certain temps. Etonnament et avec une justesse hallucinante, ces comédiens novices imposent eux-même la teneur du film et ses ambitions dès la première heure. Ils sont tout simplement grandioses et criants de vérité tout en ayant cette maturité pour le moins déconcertante due à leurs statuts sociaux respectifs. Mine de rien, ils installent les enjeux émotionnels et les conflits politiques avec une belle innocence tout en étant particulièrement actifs et engagés dans leur destin. Les Cerfs-Volants prend son temps, il ne brusque ni son histoire ni les spectateurs, il prépare en effet le terrain pour une histoire plus épique et étendue dans le temps autour de thèmes universels comme l’amitié, la trahison, le pardon et la quête de soi...
Kevin Dutot